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gilets jaunes - Page 13

  • Un grand débarras plutôt qu'un grand débat...

    Le 9 février 2019, la chaîne d'information RT France recevait François Bousquet, rédacteur en chef de la revue Éléments pour commenter la poursuite de la révolte des Gilets jaunes, et faire un point sur les revendications des manifestants et la réponse du gouvernement.

     

                                  

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  • Feu sur la désinformation... (220)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias, présentée cette semaine par Michel Geoffroy et Nicolas Faure.

    Au sommaire :

    • 1 : Bellamy, tête de liste LR : la chasse aux cathos est (ré)ouverte
      François-Xavier Bellamy sera la tête de liste LR pour les prochaines élections européennes. Les médias n’ont pas attendu longtemps avant de sortir les cartouches anti-cathos !
    • 2 : Le Zapping d’I-Média 
      La violence étatique et policière utilisée par Emmanuel Macron pour mater la révolte populaire des Gilets Jaunes devient de plus en plus inquiétante. Et ridiculise Macron sur la scène internationale !

    • 3: CSA : nouveau président, mêmes obsessions
      Roch-Olivier Maistre est le nouveau président du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel. Un inconnu du grand public mais un énarque très introduit.
    • 4 : Les tweets de la semaine
      Les journalistes et les dirigeants de France Télévision sont généreusement payés par le contribuable français. De quoi intriguer...

    • 5 : Foulards rouges, foule dans le rouge
      Les foulards rouges voulaient éviter le flop. Les généreux chiffres de la mobilisation par la préfecture n’ont pas masqué l’échec de la manifestation.

     

                                  

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  • Michel Drac et les Gilets jaunes... (2)

    Michel Drac poursuit son analyse à chaud de la révolte des Gilets jaunes, qu'il avait débutée à la mi-décembre dans une première vidéo, et s'intéresse aux derniers épisodes de la crise...

    Penseur non-conformiste, Michel Drac est l'auteur de plusieurs essais, dont  Triangulation - Repères pour des temps incertains (Le Retour aux Sources, 2015) ou, dernièrement, Voir Macron - 8 scénarios pour un quinquennat (Le Retour aux Sources, 2018).  Il est également le fondateur des éditions le Retour aux Sources, qui publient notamment Piero San Giorgio , Dmitry Orlov ou Howard Kunstler.

     

                                

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  • Qu'y a-t-il dans la tête des Gilets jaunes ?

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien avec François-Bernard Huyghe et Damien Liccia, cueilli sur Figaro Vox et consacré à la révolte des Gilets jaunes. Avec Xavier Desmaison, François-Bernard Huyghe et Damien Liccia viennent de publier un essai intitulé Dans la tête des Gilets jaunes (VA Press, 2019).

     

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    Qu'y a-t-il dans la tête des «gilets jaunes» ?

    FIGAROVOX.- Vous consacrez un ouvrage à ce qu'il y a «dans la tête des Gilets jaunes». Justement, qu'est-ce que les observateurs n'ont pas vu et qu'il fallait voir concernant la colère des Gilets jaunes?

    François-Bernard HUYGHE.- Dans la tête et sans doute dans le cœur des Gilets jaunes, il y a, bien sûr, des intérêts matériels, liés aux impôts, aux fins de mois, à l'absence de perspectives de la France dite périphérique, etc. ; chez certains, cela s'accompagne d'un ressentiment envers les riches ou la France d'en haut, parfois un peu simpliste. Mais il y a aussi une composante de fierté bafouée: le refus de demeurer invisibles et méprisés, l'exaspération devant l'arrogance, la colère d'être traités de ploucs fachos et violents... Et ce sentiment de l'honneur offensé nourrit une forme de compétition symbolique: nous tiendrons, nous ne céderons pas, nous reviendrons samedi prochain... Au stade suivant, la passion de la dignité et de l'égalité devient demande de démocratie directe, de contrôle populaire et de révocation des mauvais dirigeants. Cela réveille des problèmes philosophico-politiques que l'on discutait dans l'Athènes d'il y a vingt-cinq siècles. Comment avoir la démocratie sans tomber dans l'oligarchie (pouvoir de quelques-uns) ou dans l'ochlocratie (pouvoir de la foule incontrôlée)?

    Vous traitez de la question du langage chez les Gilets jaunes. Qu'est-ce que celui-ci a de particulier chez eux?

    François-Bernard HUYGHE.- Ce sont des mots politiques simples: pouvoir, peuple, démocratie, gouvernement. Et les Gilets jaunes parlent beaucoup d'eux-mêmes. Cela commence souvent par des confessions émouvantes que vous font des gens dans les manifestations, avides qu'ils sont de fraterniser, et cela mène vite à des thèmes collectifs récurrents. Ainsi: «nous sommes le peuple», avec tout ce que cela implique (nous avons bien le droit de manifester où nous voulons, d'être entendus...).

    Et surtout «nous ne sommes pas...»: nous ne sommes pas des chemises brunes, nous ne sommes pas des casseurs, nous ne sommes pas des destructeurs de la Nature, nous ne sommes pas des beaufs abrutis homophobes qui sentent le fuel et la cigarette. Bref, nous ne sommes pas ce dont les élites - y compris médiatiques - nous accusent. Nous voulons un État au service du Bien commun. Nous sommes les patrons. Sans oublier le thème principal: «démission».

    Quelle est l'importance de la foule dans le mouvement des Gilets jaunes?

    Damien LICCIA.- Dans ses vœux, Emmanuel Macron s'était livré à une dénonciation des «porte-voix d'une foule haineuse». Parler de foule pour qualifier un mouvement politico-social, cela revient à la délégitimer et à le criminaliser. La foule ne pense pas, elle renvoie dans l'imaginaire collectif à la folie et à l'irrationalité. La place accordée à la violence est symptomatique d'une difficulté à penser par-delà les figures imposées du schéma libéral. Gustave le Bon insistait sur le fait que les foules sont conduites «presque exclusivement par l'inconscient». Or, le choix des cibles (banques, magasins de luxe, Starbucks, forces de l'ordre et même un ministère notamment pour les black blocs, et les péages, radars, médias et les préfectures pour une partie des gilets jaunes) s'inscrit tout de même dans une grille de lecture, que d'aucuns ont le droit de condamner, mais qui résonne avec un discours politique. Si casseurs il y a eu, il s'agit davantage d'opportunistes, et, plus précisément, de pilleurs. S'il l'ont s'extrait d'une rhétorique articulée autour d'une synecdoque restrictive («les casseurs symbolisent ce que sont les gilets jaunes»), il est impropre d'utiliser le terme de foule. Terme qui est symptomatique également de la réponse répressive utilisée, et il suffit pour se faire une idée de la chose de parcourir le Twitter du journaliste David Dufresne qui recense les différentes victimes parmi les manifestants.

    Alors certes, il n'y a pas une conscience de classe au sein des gilets jaunes, et l'absence d' «intellectuels organiques» (ce que ne sont pas les administrateurs de page Facebook, dont l'approche participative sur l'ensemble des décisions stratégiques à prendre, tranche avec le côté surplombant inhérent à la figure du stratège ou du technicien politique), engagés en amont de ce mouvement ou qui auraient pu émerger pendant la crise, n'a pas permis d'exprimer une vision du monde et une stratégie communes. Mais il faut être borgne, ou aveugle, pour obérer le fait que les Gilets jaunes pensent le politique. On dit souvent aujourd'hui que les réseaux sociaux sont propices aux discours de haine et à un discours ultrapolarisé aux frontières du complotisme. Les gilets jaunes n'ont pas échappé à cette configuration dans leur dénonciation frontale des «gens d'en haut» et dans leur désignation de l'ennemi. Or, loin d'être réductible à une polarisation entre le vrai et le faux, cette approche, de Carl Schmitt à Chantal Mouffe, est l'essence même du politique, et infirme tous les discours venant à les réduire au rang de «foule haineuse».

    Si vous pouviez résumer, comment les Gilets jaunes perçoivent et désignent les classes dominantes, politiques et médiatiques?

    François-Bernard HUYGHE.- Peu de Gilets jaunes ont lu Gramsci, sans doute, mais beaucoup pensent en termes d'hégémonie idéologique, de front unique ou de guerre de positions comme cet intellectuel marxiste des années 20, mais sans employer ses mots, bien sûr. Ils pensent qu'il y a le Système qui repose sur des intérêts financiers mondiaux, qui fait fi des souverainetés nationales et populaires, et qu'il est appuyé sur une classe politique technocratique, d'accord sur l'essentiel et sourde aux voix d'en bas. Ils dénoncent aussi le pouvoir culturel des «bobos» déracinés qui - pour parodier Rousseau- aiment les Tartares LGBT pour être dispensés d'aimer leur voisin. Et bien sûr, ils sont contre les médias, vendus à quelques milliardaires, qui occultent les violences policières et dénigrent les manifestants... Bref c'est un discours «de classe» que l'on aurait considéré comme intellectuel et gauchiste il y a quarante ans, mais qui est aujourd'hui assimilé à un affreux populisme aux relents lepénistes.

    En quoi les Gilets jaunes ont-ils été un «moment de surprise» pour reprendre le titre de votre prélude?

    Damien LICCIA.- Six mois avant le début des gilets jaunes, Emmanuel Macron venait de pulvériser les syndicats, après 3 mois de grève au sein de la SNCF. Ni les syndicats (et, dans les transports, à l'image de CGT-cheminots et de Sud-rail, ils sont particulièrement puissants), ni les acteurs politiques (de La France Insoumise aux trotskistes) n'étaient parvenus à enrayer la geste macronienne. Or, qui fait basculer la France en novembre, même si cette vision causale est nécessairement simpliste, Priscillia Ludosky et sa pétition «pour une baisse des prix à la pompe», Jacline Mouraud et sa vidéo vue des millions de fois sur Facebook (même si au même moment existaient d'autres vidéos tout aussi influentes, à l'image de celle d'un éleveur de volailles de l'Ain interpellant le président), des personnes (dont une partie issue de la «France périphérique» chère à Guilluy, mais pas seulement) qui font la chenille autour des ronds-points et des automobilistes qui mettent des gilets jaunes sur le tableau de bord. C'est le premier phénomène de sidération. Le deuxième s'explique par une mauvaise prise en compte de l'opinion publique, ou a minima de celle qui s'exprime sur les réseaux sociaux. La thématique du carburant a leurré l'exécutif, puisque ce dernier pendant plusieurs jours à l'issue de l' «acte I» a continué à communiquer, de manière quasi exclusive sur ce sujet, entre fermeté et reculade. La reculade intervient le 4 décembre avec Édouard Philippe qui annonce un moratoire sur la hausse de la taxe sur le carburant. Le lendemain, l'Élysée annonce l'annulation de la taxe.

    Or, le sujet de l'essence avait depuis plusieurs jours baissé en intensité, supplanté progressivement par la question institutionnelle, celle du pouvoir d'achat et par la problématique de la violence. Alors même que la question de l'essence a disparu comme une étincelle dans l'incendie qu'elle a déclenché, l'exécutif continue à appréhender le mouvement des gilets jaunes à l'aune d'une simple question de prix, alors qu'il s'agit déjà d'un proto conflit. Ce hiatus entre communication gouvernementale et opinion a été lourd de conséquences.

    Quelle importance pour les fake news dans ce genre de mouvement?

    François-Bernard HUYGHE.- En 1789, la foule croyait des rumeurs invraisemblables sur la sexualité de Marie-Antoinette ou sur des bandes armées. Sur les comptes Facebook en 2019, il circule - on ne va pas le nier - des choses invraisemblables: des gendarmes étrangers, des morts que l'on cacherait ou des attentats «bizarres». Ce n'est pas beau, mais, à la décharge des Gilets jaunes, le système de citation sur les réseaux sociaux, aggravé par le sensationnalisme médiatique, met vite en lumière les plus extrémistes et les plus délirants. En revanche je suis frappé par la façon dont des ministres répandent des légendes (sur des factieux bruns qui remonteraient les Champs-Élysées pour tuer, sur des complots russes ou italiens derrière les réseaux sociaux Gilets jaunes..), par la manière dont des experts voient des symboles d'extrême droite là où il y a un drapeau régional ou celui de l'Organisation Révolutionnaire Anarchiste, par des fautes des médias: propos de F. Ruffin déformés ou par la séquence d'une dame qui parlait des «1% d'extraterrestres super-riches» transformée en maniaque des OVNI par une coupure des derniers mots. Si les dirigeants et leurs partisans veulent faire campagne sur le thème «progressistes, parti du vrai et du nécessaire, versus populistes complotistes abreuvés de fake news», ils feraient mieux d'éviter ces délires idéologiques. Sans offenser Mme Schiappa qui se compare à Galilée qu'elle croit découvreur de la rotondité de la Terre.

    Damien LICCIA.- Les fake news ne sont en effet pas à sens unique. La France a basculé, comme avant elle le Royaume-Uni, les États-Unis ou encore l'Espagne dans une vision du monde et dans une manière de traiter les mouvements polico-sociaux, des brexiters, à l'alt right, en passant par les indépendantistes catalans pour arriver jusqu'aux gilets jaunes, qui n'excluent pas le recours à une forme de narratif que nous pouvons qualifier de méta-complotisme. Alors certes, ce narratif a été d'une intensité plus faible par rapport à l'ampleur qu'il a prise au Royaume-Uni, dans la phase post-Brexit, ou aux USA, avec la question de l'ingérence russe qui est devenue une antienne entêtante, mais reste que le 8 décembre les services de renseignement français ont ouvert une enquête sur une possible ingérence étrangère qui aurait cherché à amplifier la crise politique française. Fin décembre, le secrétaire d'État chargé du Numérique, Mounir Mahjoubi, a également repris ce narratif, sur des ingérences de «forces étrangères».

    S'il ne faut pas balayer cela d'un revers de main, il y a là une similarité discursive avec la dénonciation des «forces obscures d'en haut» par une frange des gilets jaunes.

    Vous insistez sur la réaction au mépris suscité par Emmanuel Macron dans la colère des Gilets jaunes. Pensez-vous qu'il en aurait été autrement sans ces «petites phrases» prononcées par le chef de l'État?

    François-Bernard HUYGHE.- Les manifestants le ressassent constamment. L'effet est totalement ravageur, parce que chacun se sent personnellement offensé par un homme à qui tout a réussi sans avoir vraiment à se battre et qu'ils présument à des années-lumières de la réalité qu'ils vivent. En inventant une communication jupitérienne et implicative (les yeux dans les yeux), Emmanuel Macron a inventé aussi un art de l'insulte et de l'humiliation inédit. On espère que c'est inconsciemment.

    François-Bernard Huyghe et Damien Liccia, propos recueillis par Etienne Campion (Figaro Vox, 25 janvier 2018)

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  • Pourquoi le gouvernement ne comprend pas la révolte des gilets jaunes…

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire, dans lequel il évoque la poursuite du mouvement des Gilets jaunes... Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017) et L'écriture runique et les origines de l'écriture (Yoran, 2017). Il publie cette semaine un essai intitulé Contre le libéralisme (Rocher, 2019).

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    Alain de Benoist : pourquoi le gouvernement ne comprend pas la révolte des gilets jaunes…

    Pensez-vous qu’on puisse déjà faire un bilan de l’action des gilets jaunes ?

    Le meilleur bilan qu’on puisse en faire est de constater qu’il est encore trop tôt pour en faire un, puisque le mouvement continue et semble même trouver un second souffle. Depuis bientôt trois mois, malgré le gel et le froid, malgré la trêve des confiseurs, malgré les morts et les blessés, malgré les dégâts causés par les brutalités policières (mâchoires arrachées, mains déchiquetées, pieds broyés, yeux crevés, hémorragies cérébrales), malgré les critiques qui ont successivement tenté de les présenter comme des beaufs alcooliques, des nazis (la « peste brune ») et des casseurs, coupables en outre d’avoir ruiné le commerce, dissuadé les touristes de venir en France et même, ô scandale, d’avoir saboté l’ouverture des soldes, malgré tout cela, les gilets jaunes sont toujours là. Ils tiennent bon, ils ne cèdent pas et une majorité de Français continue d’approuver leur action. C’est bien la confirmation que ce mouvement ne ressemble à aucun autre.

    Il y a un autre point sur lequel il faut insister. Les gilets jaunes, auparavant, ne se connaissaient pas. Plongés dans l’anonymat de masse, même quand ils étaient voisins, ils restaient souvent étrangers les uns aux autres. Depuis des semaines, autour des ronds-points, ils se sont mutuellement découverts. Ils ont parlé ensemble, ils ont confronté leurs expériences et leurs espoirs, partagé la même colère et vibré aux même émotions, partagé aussi les mêmes repas, vécu les mêmes journées et parfois les mêmes nuits, bénéficié du même élan de solidarité et de don. Le mouvement des gilets jaunes a, ainsi, fonctionné comme une formidable machine à recréer de la socialité dans une époque où le lien social s’est partout effrité. Il en restera nécessairement quelque chose. Les gilets jaunes savent, désormais, qu’ils ne sont plus seuls à être « invisibles ». Ils ont redécouvert l’importance du commun.

    Mais l’avenir du mouvement ? Peut-on imaginer un vaste front populiste, dont les gilets jaunes pourraient être le creuset ?

    C’est très prématuré, même si certains y pensent. Dans l’immédiat, les gilets jaunes doivent résister à toutes les tentatives de division et de récupération. Ils ne doivent surtout pas présenter de listes aux européennes, ce qui ne manquerait pas d’affaiblir l’opposition. Ils doivent rester insaisissables, nuire le moins possible aux petits commerçants, écarter fermement les casseurs extérieurs au mouvement et, peut-être aussi, concentrer leurs revendications sur les thèmes qui peuvent le mieux fédérer la colère en exigeant, par exemple l’instauration du référendum d’initiative populaire.

    Et le « grand débat national » ?

    Guy Debord disait que, si les élections pouvaient changer quelque chose, il y a longtemps qu’elles seraient interdites. On peut en dire autant du « grand débat » lancé par Emmanuel Macron : s’il était vraiment susceptible de satisfaire les demandes des gilets jaunes, il n’aurait tout simplement pas lieu. Quand les parlementaires veulent enterrer un dossier, ils créent une commission. Pour gagner du temps, Macron propose – c’est à la mode – de « libérer la parole ». Le « grand débat », c’est le divan du docteur Freud : « Allongez-vous et racontez-moi vos misères, après, vous vous sentirez mieux. » Discuter plutôt que décider a toujours été la méthode favorite de la classe bourgeoise. Dans le pire des cas, le « grand débat » finira en eau de boudin. Au mieux, la montagne accouchera d’une souris. On fera des concessions ici ou là (taxe carbone, limitation de vitesse à 80 km/h, etc.) mais on ne touchera pas aux questions qui fâchent. C’est-à-dire à celles qui impliquent un véritable changement de société.

    Ceux qui sont, aujourd’hui, au pouvoir sont incapables de faire face aux demandes des gilets jaunes parce que le monde d’en bas leur est mentalement, culturellement, physiologiquement étranger. Ils s’imaginent qu’ils se trouvent devant des revendications de type classique (des « gens pas contents ») auxquelles on peut répondre par des effets d’annonce et des stratégies de communication appropriées. Ils ne voient pas qu’ils sont, en réalité, confrontés à une révolte proprement existentielle, de la part de gens qui, après avoir perdu leur vie à tenter de la gagner, ont découvert que ce qu’ils gagnent ne leur permet plus de vivre et n’ont donc plus rien à perdre. Au plus fort des manifestations, au moment où un hélicoptère survolait l’Élysée pour exfiltrer Macron en cas de besoin, ils ont pourtant eu peur. Physiquement peur – et cela, aussi, on ne l’avait pas vu depuis longtemps. Aujourd’hui qu’ils ont retrouvé leur mépris de classe, même quand ils s’essayent à l’empathie, ils ne pardonneront jamais à ceux qui leur ont fait peur.

    Les « Gaulois réfractaires » sont les dignes successeurs de ces « Gueux » (Geuzen) qui, dans les Flandres et les Pays-Bas du XVIe siècle, s’étant fait d’un nom péjoratif un titre de gloire, portèrent contre l’autorité du roi Philippe II d’Espagne un mécontentement populaire qui reçut l’appui de Guillaume d’Orange. La guérilla qu’ils menèrent pendant des années, à partir de 1566, finit par aboutir à la totale libération des Provinces-Unies. Un beau chant néerlandais célébrant leur souvenir s’intitule « Vive le Gueux ! » Il mériterait d’être repris aujourd’hui.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 20 janvier 2019)

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  • Feu sur la désinformation... (219)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours de Nicolas Faure.

    Au sommaire :

    • 1 : Schiappa chez Hanouna : mélange des mauvais genres
      C’est l’actu médiatique de la semaine. Marlène Schiappa sera ce dimanche dans l’émission de Cyril Hanouna, Balance Ton Poste. Elle animera un atelier avec des Gilets Jaunes dans le cadre du grand débat national. Un mélange des genres qui a provoqué de vives réactions dans les médias.
    • 2 : Le Zapping d’I-Média 
      Jean-Michel Apathie loue le dialogue permis par le gouvernement… tandis que tout prouve que ce dialogue est en fait complètement bidon.
      Même déconnexion, la haine en plus, entre Sophia Aram et les Marcheurs pour la Vie.

    • 3: Les médias face à l’examen de confiance
      Avec la crise des Gilets Jaunes, les médias semblent avoir définitivement perdu la confiance des Français. Certains tentent de comprendre les raisons de cette rupture. Pas évident que les résultats soient probants !
    • 4 : Les tweets de la semaine
      En Alsace, un professeur persécuté par sa hiérarchie pour son engagement militant trouve un écho favorable chez les journalistes des Dernières Nouvelles d’Alsace, récemment sauvé de la faillite par un énorme chèque du Crédit Mutuel, par ailleurs propriétaire de Leetchi, l’entreprise qui a suspendu la cagnotte de Christophe Dettinger.

    • 5 : 10 années de bobards médiatiques, ça se fête !
      La cérémonie des Bobards d’Or arrive à grands pas ! Organisée par la Fondation Polémia, elle récompense les plus beaux bobards médiatiques. Cette année, c’est la 10e édition de cette prestigieuse cérémonie.

     

                                       

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